France
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Un des plus grands noms de l'histoire de
l'Automobile, Panhard-Levassor eut pour origine une usine de
machines à bois fondée par Périn et Pauwels en 1845.
A la mort de Périn en 1886, elle fut reprise par René Panhard et
Emile Levassor. Au cours de la même année, Edouard Sarazin, un ami
de Levassor acquit les licences de fabrication de Daimler pour la
France. Il mourut en 1889 et sa veuve épousa ensuite Levassor.
En 1891, une voiture, moteur Daimler à 2 cyl. en V monté
centralement, roulait ; après quelques essais avec des moteurs
monté à l'arrière, les deux associés mirent au point la conception qui
allait devenir classique : le moteur à l'avant, la boite de vitesses
transversale et les roues arrières motrices, la transmission à
découvert, l'entraînement par chaîne centrale.
Les premières Panhard avaient 4 vitesses avant et une marche
arrière ; en 1892 des pneus en caoutchouc plein furent adoptés et
en 1894 une voiture fut équipée d'un carburateur Maybach à
alimentation par flotteur, amélioration apportée sur les voitures de
série en 1895.
Une Panhard gagna la première place ex aequo avec Peugeot dans
la course Paris-Rouen de 1894 ; l'année suivante apparurent les
boîtes de vitesses enfermées dans un carter.
Emile Levassor fut le vainqueur moral (sinon technique) de la course
Paris-Rouen cette année-là, où furent introduits la direction par
volant et le moteur 2 cyl. Phénix de 2,4 l.
Sur toutes les Panhard jusqu'en 1900, le frein latéral était relié
à l'embrayage. Des moteurs 4 cyl. furent montés sur des voitures
de course en 1896 et proposés aux clients en 1898.
La victoire de la marque dans la course Paris-Marseille fut
cependant assombrie par la mort d'Emile Levassor dont la voiture se
retourna pendant la course.
Progressivement les caractéristiques de la Panhard classique prirent
forme : des carters de boîtes de vitesses en aluminium firent leur
première apparition en 1897, en même temps qu'un radiateur G et A
monté à l'arrière.
En 1898 la direction par volant, et les pneus à air équipèrent tous
les modèles ainsi que les radiateurs à serpentins à l'avant en 1899.
En 1900 la touriste Panhard était devenue l'archétype de la
voiture moyenne, avec un châssis en bois renforcé, un changement
de vitesses à secteurs dentés, des soupapes d'admission automatiques,
une lubrification par goutte à goutte, un entraînement par chaînes
latérales, plus quelques caractéristiques telles que des pédales du
type piano (abandonnées en 1907) et des boutons de commande sur la
direction, qui existaient encore en 1911.
Des constructeurs tels M.M.C. et Star (a) en Angleterre, Dürkopp en
Allemagne, fabriquèrent des voitures fortement inspirées des Panhard,
et Montague Napier monta son premier moteur de voiture dans un châssis
Panhard en 1899.
La même année le commandant Krebs du bureau d'étude de Panhard sortit
une voiturette propulsée par un moteur monocylindre placé à l'arrière,
avec une direction par essieu rigide tournant autour d'un pivot
central ; la licence de fabrication en fut toutefois vendue à Clément.

Jusqu'à présent seul Mors avait disputé à Panhard la suprématie en
course. Les victoires de 1898 comprenaient les épreuves de
Marseille-Nice, Paris-Amsterdam-Paris et Paris-Bordeaux que Charron
couvrit à la moyenne de 43,28 km/h.
Une année plus tard, Girardot qui allait s'associer plus tard avec
Charron pour produire la C. G.V. gagnait la course Paris-Ostende à la
moyenne de 52,29 km/h.
Bien que 1900 fut l'année de Mors à l'exception de la victoire de
Charron dans la première coupe Gordon Bennet, et que 1901 ne fut guère
meilleure si l'on excepte les exploits des voitures légères équipées
de 4 cyl. de 3,1 l, Panhard se comporta très bien au cours de l'année
1902 dans la formule de 1000 kg, avec leurs moteurs 13,7 l.
Bien qu'ayant des soupapes d'admission automatiques et un
châssis à plaques rapportées, ce modèle remporta la victoire dans le
circuit des Ardennes et dans le circuit du Nord.
Les soupapes d'admission à commande mécanique apparurent sur les
victoires de course de 1903 ; en 1904, les modèles de compétition
avaient des moteurs de 15,4 l, de grands radiateurs en pointe et une
transmission par arbre.
Ces améliorations portèrent leurs fruits et Panhard gagna le circuit
des Ardennes et la Coupe Vanderbilt. Toutefois, Mercedes, Brasier,
et F.I. A.T. étaient alors en pleine ascension et bien que Panhard
continuât à courir jusqu'en 1907, la firme ne put jamais retrouver sa
position passée.
Le même conservatisme régnait sur leurs voitures de tourisme.
En 1900 la Panhard de C. S. Rolls était de loin
la machine la plus rapide à l'épreuve des 1000 miles (1609,35 km)et la
7 CV 1,7 l de 1901 (toujours avec un allumage à tube incandescent ou
électrique) était un succès commercial.
Cette année-là vit également l'apparition d'un carburateur
automatique Krebs et le moteur Centaure pendant que la firme se
chargeait de fabriquer la voiture 3 roues De Boisse.
L'allumage par
tube incandescent était toujours disponible en option en 1902, année
au cours de laquelle le Dr. Lehwess tenta de faire le tour du monde
dans un autobus Panhard 25 CV pesant 3 tonnes ; il ne dépassa pas
Nijni Novgorod.
Les ventes étaient toujours au niveau respectable de 1200 unités
en 1904, mais les voitures étaient difficiles à vendre et C.S.
Rolls abandonna son agence de Londres pour cette raison.
A ce problème une solution insuffisante fut retenue, sous la forme
d'un modèle au moteur 3 cyl. de 1,8 l, 8/11 CV, à transmission par
chaîne,(il était malgré tout encore catalogué en 1908) En 1904 les
voitures les plus importantes furent pourvues de grille de radiateurs,
de soupapes à commande mécanique et d'un allumage par magnéto haute
tension.
Au sommet de la gamme de 1905-1906 se trouvaient le modèle Q, un 4
cyl. de 10,5 l, 5O CV, avec un vilebrequin 5 paliers, un modèle
encore plus important avec un moteur 6 cyl. de 11 l et un capot de
1,52 m de long.
Les embrayages à disques multiples vinrent en 1907 et la
transmission par arbre (sur les plus petits modèles) en 1908.
La même année des démarreurs à air comprimé étaient également
adaptables et la gamme incluait un 2 cyl. de 1,2 l et un 6 cyl. de
5 l à entraînement par chaîne.
Les châssis en tôle emboutie supplantèrent finalement le bois
renforcé et bien qu'une énorme 4 cyl. à entraînement par chaîne
fut toujours proposée en 1909, Panhard sortit aussi un modèle de
conception moderne, doté d'un moteur monobloc 12/16 CV de 2,4 l et
d'un allumage par magnéto haute tension.
La grille de changement de vitesses fut généralisée en 1910
et le plus gros modèle fut doté d'un moteur 6 cyl. de 6 l et d'un
entraînement par chaîne. 1911 vit la fin des 2 cyl. et la mise en
production d'un modèle équipé du moteur Knight sans soupape 25 CV
4,4 l, avec des cylindres séparés et d'une transmission au choix
par chaînes ou par arbre ; ce modèle était déclaré avoir une puissance
de 42 CV et atteindre la vitesse de 95 km/h.
En 1912, parut un modèle plus petit, équipé d'un moteur Knight de
2,6 l, 15 CV. Les Panhard avaient alors des freins uniquement sur les
roues arrière, le classique radiateur en pointe (qui eut cours
jusqu'en 1935) équipait les versions plus luxueuses, et des roues à
rayons pouvaient être acquises en option.
En 1914, la tendance générale était au moteur 4 cyl. et aux
radiateurs en pointe ; seules les petites voitures avaient des
soupapes, et les grandes versions 4,8 et 7,4 l sans soupapes avaient
des carrosseries type bateau très élégantes.
Bien que des voitures de 2,2 l à soupapes furent construites de 1919 à
1922, Panhard continua à expérimenter le moteur Knight et réussit à en
tirer de meilleures performances en utilisant des chemises en acier
léger au cours des années 20.
Parmi les autres particularités citons des freins à expansion, un
frein à main que l'on poussait, et une étrange grille de changement de
vitesses en X, qui demandait un certain apprentissage.
En 1922, la gamme des voitures sans soupapes s'agrandit d'un
modèle assez lourd, au moteur de 1,2 l, changement de vitesses au
milieu, direction à gauche, refroidissement par thermo syphon, et un
embrayage à cône à la place du disque habituel.
A ce modèle s'en ajouta un autre, équipé d'un gros moteur 8 cyl. en
ligne de 6,3 l, de freins sur les roues avant, de deux magnétos et de
deux carburateurs, qui fut construit jusqu'en 1930.
Tous les modèles de 1924 possédaient des freins sur les roues avant,
des dynamotors, des boites à 4 vitesses et les plus petits avaient une
lubrification par barbotage.
La version 4 cyl., 4,8 l, particulièrement rapide, remporta en 1925 le
Record Mondial de l'heure à la vitesse de 185,51 km/h, et sa version
5,3 l de 1929 pouvait dépasser 145 km/h.
Les voitures à moteur 8 cyl. en ligne de 7,9 l, eurent aussi un
brillant palmarès dans les épreuves de record jusqu'en 1934, tandis
qu'un autre modèle, destiné à battre des records, une monoplace à
moteur de 1,5 l et direction par un cercle faisant le tour de
l'habitacle, n'obtint aucun résultat.
La première 6 cyl. à moteur sans soupape fut
la 3, 4 l, 20/60 CV, de 1927, bientôt suivie par la 1,8 l, 16/45 CV et
la 2,3 l, 18/50 CV à double carburateur.
Des boites de vitesses dont le 3ème rapport était synchronisé
furent adoptées en 1929, une boite totalement silencieuse fut
conçue en 1930; montée en 1931 sur la 6 cyl. , 3,5 l et sur la 8 cyl.
, 5 l avec un graissage centralisé du châssis, un allumage par
bobines, une plate-forme en tôle d'acier entre les traverses arrières
du châssis.
Toutefois, ces modèles conservaient les roues en bois et la grille de
changement de vitesses en X. Cette gamme fut fabriquée jusqu'en 1936
mais les derniers modèles acquirent des roues indépendantes, un
embrayage automatique et un pare-brise panoramique.
Ils étaient chers, la grosse 8 cyl., 8 DSR était plus onéreuse que la
Renault la plus luxueuse.
En 1937 apparut l'étonnante Dynamic, toujours
une 6 cyl. sans soupapes (en 3 versions : 2,5, 2,7 et 3,8 l) mais avec
un châssis à tube central, des freins hydrauliques, une transmission
par vis sans fin, et une suspension indépendante par barres de torsion
sur les 4 roues. Des phares et des roues carénés et une direction au
centre complétaient cet ensemble bizarre, bien qu'un retour à la
direction à gauche soit apparue dans les modèles de 1939.
Après 1945 l'usine changea radicalement sa politique et les Panhard
devinrent des voitures économiques très rapides, avec la sortie de la
gamme Dyna.

C'étaient des tractions avant dotées d'un moteur à 2 cyl. opposés
de 610 cm3, à refroidissement par air, basé sur des plans de Grégoire,
et dans lequel des barres de torsion étaient utilisées comme ressort
pour le rappel des soupapes.
La carrosserie en alliage léger était faite par Facel-Métallon,
la suspension était indépendante à l'avant, et à essieu rigide à
l'arrière avec des barres de torsion.
La boite à 4 vitesses possédait une 4ème vitesse surmultipliée
et une commande au tableau de bord.
Le modèle d'origine fut suivi par une version de 32 CV, 750 cm3 en
1950 et deux ans après par une version de 5 CV, 800 cm3.
Plusieurs fabricants de voitures de petites séries utilisèrent
des éléments mécaniques Panhard : DB à partir de 1948, Veritas (1950),
Marathon (1954), et Arista (1957).
Il y eut même des Dyna encore plus rapides, et la Monopole spéciale
d'Hémard et de Montrémy gagna l'indice de performance aux 24 Heures du
Mans, trois ans de suite (1950-1952). D'autres victoires dans cette
catégorie furent obtenues en 1953, avec une voiture très aérodynamique
conçue par Riffard et patronnée par la firme, et ainsi qu'une autre
victoire en 1963.
Parmi les victoires en rallye, citons la Coupe des Alpes dans le
Rallye Alpin de 1952, une victoire de catégorie dans le Rallye de
Monte-Carlo en 1954 et une première place au classement général en
1961. Panhard présenta sa propre voiture de sport, la Junior, en 1953
et ce roadster de 38 CV fut suivi l'année suivante par une version à
compresseur de 62 CV.
La Berline Dyna de 1954 était beaucoup plus ambitieuse : c'était
une voiture aux lignes arrondies, assez laide, et construite en
alliage sans aucune pièce de fonte ; le groupe moteur-boîte de
vitesses, et le pont arrière formaient des unités amovibles, un
préchauffage de l'essence était livré d'origine et elle pouvait
transporter six personnes à 130 km/h pour une consommation de 7 l aux
100 km.
Elle était chère, mais elle fit passer les ventes de 14 000 unités en
1951 à 30 000 en 1957 et demeura dans la gamme pendant 10 ans.
La carrosserie tout en acier fut généralisée en 1958, et à partir
de 1961 fut vendue une version plus rapide (145 km/h), la Tigre, de 60
CV. Présentés en 1964, les coupés de sport 24 CT et C étaient annoncés
réaliser une vitesse supérieure à 160 km/h.

En 1955 Citroën prit une part dans la Compagnie et dix ans après la
vieille Maison Panhard était totalement absorbée par la S.A. André
Citroën, donnant ainsi à ses nouveaux propriétaires plus de locaux
pour ses usines.
En 1967, la dernière année d'activité de Panhard, seules étaient
fabriquées les versions "coupé" de la Dyna, avec le moteur 850 cm3
développant 50 ou 60 CV, la 24 CT ayant des freins à disques sur les 4
roues. |